LE TRAIN DU DÉSERT

2017 • Mauritanie


En Mauritanie un train minéralier, long de 2,5 kilomètres, transporte trois fois par jours des dizaines de milliers de tonnes de fer, de Zouerate au port de Nouadhibou.

Unique, ce train est souvent considéré comme le plus lourd, le plus long mais aussi le plus lent du monde.

Une fois par jour, une rame destinée aux passagers est ajoutée au train. Bondée et payante, certains mauritaniens choisissent de voyager gratuitement dans les wagons à ciel ouvert.

Dans le sens Nouadhibou-Zouerate, les commerçants utilisent les wagons vides pour ravitailler leurs stocks de légumes, ameublements. Dans le sens inverse, les bergers approvisionnent les marchés de Nouadhibou en bétails. Par dessus les minerais de fer s'entassent les chèvres, qui noircissent au fil des kilomètres.

Ce rail de 700 kilomètres représente une artère économique, il relie l'intérieur du désert à la capitale économique de la Mauritanie.

À quelques kilomètres près, il matérialise la frontière invisible entre la Mauritanie et le Sahara Occidental. Son tracé qui déborde brièvement des délimitations territoriales raconte l'annexion illégale d'une partie du Sahara Occidental par la Mauritanie de 1975 à 1979. L'engagement militaire français en 77 contre le Polisario afin de défendre ses intérêts miniers à Zouérate, a encore des répercussions dans la non-résolution du conflit à ce jour.

C'est un voyage le long d'une frontière d'environ 18 heures, dans la poussière du désert et du fer, l'entrechoquement métallique des 200 wagons, et le bêlement des chèvres.